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Cycle JP Betbèze

  • Petit déjeuner Jean-Paul Betbèze, le 03 novembre, Où va le monde, où allons nous ?

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    La bonne nouvelle est que grâce à l’Arabie saoudite et à Mario Draghi, nous ne mourrons pas !
     
    Alors que  les  pays  émergents  sont  en  mutation,  la  situation  économique  des pays
    « industrialisés » s’améliore lentement.
    Les leaders mondiaux changent de logiciels. La baisse du Yuan en août 2015 a créé l’effet de surprise et ce mouvement n’est pas terminé. Il marque le ralentissement de la croissance en Chine et un re-balancement de l’économie chinoise vers son marché domestique.
    Auparavant, lorsque la Chine exportait massivement contre des bons du trésor américain, on ressentait un déséquilibre. Aujourd’hui, on ne sait pas.
    On peut par ailleurs s’attendre à une remontée des taux en 2017 et 2018…
    Un nouveau paysage économique se dessine avec moins d’inflation mondiale (1 à 2%/an) et moins de croissance dans les pays émergents – le taux de croissance en Chine devrait se réduire à 5% dans 10 ans. La croissance sera de moins en moins tirée par le commerce international : les pays émergents vont plus se tourner vers la demande intérieure et les pays industrialisés vont s’occuper d’eux et des autres.
     

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  • Cycle JP Betbèze, marque France, le 13 juin 2014

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    Clara Gaymard avec Jean-Paul Betbèze aux petits déjeuners « économie et conjoncture » d'HEC Finance d'Entreprise

    « La Marque France et la Compétitivité des entreprises »

    Vendredi 13 juin. Cinquième édition des petits déjeuners de conjoncture organisés par le groupement HEC Finance d'entreprise, associé au Groupement Développement international, et en partenariat avec le Cabinet Dentons. Le thème : La Marque France et la Compétitivité des entreprises. Jean-Paul Betbèze ((H. 72) qu'on ne présente plus : consultez plutôt son site www.betbezeconseil.com) introduit comme d'habitude le sujet du jour avant de céder la parole à Clara Gaymard.

    Clara Gaymard est Présidente de General Electric France, et Vice-présidente de GE International. Mais c'est plutôt en sa qualité de Présidente de la Chambre de commerce américaine en France, et surtout comme co-auteur l'an dernier du rapport au Gouvernement "la Marque France" qu'elle intervient ce matin (www.redressement-productif.gouv.fr/files/20130628_rapport_marque_france.pdf).

    Pas de diapositives cette fois-ci pour illustrer le propos introductif de Jean-Paul Betbèze. Le thème associe en effet de l'abstrait (quoi de plus immatériel qu'une marque ?) et du concret (la compétitivité, même s'il s'agit ici de compétitivité "hors coûts") : l'alliance des deux se prête mal aux illustrations chiffrées. Trois questions se posent à l'économiste concernant la Marque France : combien, pourquoi, comment.

    Combien. Selon les études de Brand Finance, la valeur cumulée des marques exploitées par la France se monterait à 2 000 milliards de dollars, au sixième rang mondial. Face à un PIB de 2 600 milliards de dollars, le ratio Marques/PIB ressort à un peu plus de 75%. Aux Etats-Unis, les marques pèseraient 18 000 milliards de dollars, pour un PIB de 17 000 milliards (la marque Apple à elle seule vaudrait 100 milliards de dollars) : un ratio supérieur à un. Même chose en Allemagne, avec des marques qui vaudraient 4 000 milliards de dollars, pour un PIB de 3 500 milliards. La Marque France est sous-valorisée…

    Pourquoi. Qu'est-ce qui crée la Marque France ? Le fond est un mélange d'histoire et d'art de vivre, à l'origine de notre attrait touristique. La qualité, l'excellence, aussi, d'où résulte le prestige de nos industries du luxe. Enfin, même si c'est plus surprenant, la capacité à innover.

    Comment. Comment faire en sorte que nos marques se comparent mieux à notre PIB, à l'instar des Etats-Unis ou de l'Allemagne ? Il y faut une démarche stratégique pour doper l'attractivité de nos entreprises, et une organisation pour le faire.

    Clara Gaymard relève que cette question de l'attractivité de nos entreprises est à la fois un thème récurrent dans la culture française, et un sujet nouveau de préoccupation pour nos gouvernants. D'où le travail accompli par la commission en charge du rapport Marque France.

    Lors des nombreuses auditions auxquelles la commission a procédé, une question était posée chaque fois aux auditionnés : "C'est quoi la France ?". On obtenait deux types de réponses. Pour les uns, l'accent était mis sur notre indiscipline, le poids de notre dette, nos déficits, notre incapacité à nous réformer. Pour les autres, la référence était plutôt ce que les étrangers disent de nous, ou admirent chez nous (nos monuments, notre histoire, notre culture,…). Autrement dit, nous n'avons pas la fierté de notre propre pays : la même question posée à un Américain, un Allemand ou un Anglais aurait suscité précisément leur fierté d'appartenir à leur pays, avant toute autre considération. Nous révérons nos grandes figures historiques ou contemporaines, dans les domaines les plus variés, mais nous n'avons pas d'admiration pour notre pays. Le problème de la Marque France est donc en nous.

    Les Français se veulent rationnels, mais en réalité ils sont des créateurs, des imaginatifs. D'où notre tendance à nous autocritiquer en permanence.

    Nous citons volontiers nos héros historiques, politiques, artistiques, sportifs. Mais jamais nos entrepreneurs ne sont considérés comme des héros, à la différence de ce qui se passe dans d'autres pays. Sous Napoléon III, par exemple, où l'essor économique a été considérable, les principaux acteurs de ce développement sont pratiquement inconnus du grand public. Et aujourd'hui nous avons souvent tendance à dénigrer nos plus grandes entreprises, alors que nous pourrions au contraire tirer fierté de leur rayonnement international.

    Plus généralement, nous n'avons pas d'histoire économique. Il nous arrive de citer des réalisations prestigieuses, comme le TGV, le nucléaire, Airbus, ou Ariane. Mais presque jamais nous ne faisons référence à notre économie en général. Nous sommes pourtant la cinquième puissance économique mondiale.

    Pour remédier à cet état de chose, le rapport de la commission avait formulé vingt-deux propositions, dont celle de réunir dans une instance unique les multiples organismes qui s'efforcent de promouvoir l'image économique de la France : d'une certaine manière, faire de cette "agence" unique une sorte de "Comité Colbert" de la Marque France. C'est ce qu'ont su faire beaucoup d'autres pays, avec humilité, et en suscitant une énergie collective : l'Australie, le Canada, la Grande-Bretagne (cette dernière en tirant parti l'effet d'entrainement des Jeux Olympiques). Le rapport a été présenté solennellement à l'Odéon, devant un parterre de sept-cents personnalités, mais il ne s'est rien passé depuis, faute d'impulsion politique et de moyens financiers dédiés.

    De son expérience, Clara Gaymard tire trois constats concernant l'image projetée collectivement par les Français. Le premier, c'est l'excellence, qu'illustrent notre tourisme et nos produits de luxe. Le deuxième, c'est l'élévation : quand on demande à des étrangers pourquoi ils préfèrent s'habiller avec des vêtements français, ils répondent "… parce-que ça fait la différence, parce-que ça nous élève". Et le troisième, c'est le perfectionnisme : c'est parce-que nous avons une propension naturelle à la perfection que nous contestons, que nous refusons de prendre pour acquis nos défauts, et que nous réussissons à innover, à surprendre ; c'est agaçant, mais ça marche.

    Et si l'image que nous avons de la France ne correspond pas à ce qu'elle devrait être, c'est que nous manquons de cet ingrédient essentiel qu'est la confiance. Nous vivons une sorte de dépression collective. Les causes en sont multiples, et leur responsabilité n'incombe pas seulement aux politiques. La confiance dans nos entreprises, par exemple, fait défaut. Pourtant, nous nous illusionnons sur ce qu'elles sont sensées apporter aux autres : un sondage effectué sur 20 000 personnes montre que 80% des femmes pensent que les entreprises font confiance aux hommes, et 70% des hommes qu'elles font confiance aux femmes ; en revanche 40% des hommes estiment qu'elles font confiance aux hommes, et seulement 20% des femmes qu'elles font confiance aux femmes.

    En fait, le pacte de confiance avec nos entreprises a été rompu. Naguère les transformations étaient admises par les salariés, parce qu'elles avaient pour objectif d'améliorer les performances. Mais avec les crises, on n'a plus osé aborder les problèmes de face, et on a pensé les résoudre en multipliant les procédures, plutôt que de se confronter aux problèmes humains. Il est temps de mettre en place une économie collaborative fondée sur la confiance réciproque.

     

    Viennent alors les questions de la salle.

    Y aurait-il une responsabilité du système éducatif dans cette crise de confiance : la collaboration entre parents d'élèves et enseignants, si développée dans le système américain, est pratiquement inexistante en France ? Clara Gaymard fait cependant remarquer qu'on ne peut comparer l'investissement exigé des parents aux Etats-Unis, pas seulement en argent mais aussi en temps passé, avec celui des parents français : en France, les parents demandent beaucoup à l'école, mais lui donnent très peu en contrepartie. Elle relève aussi le manque de collaboration entre les enseignants eux-mêmes : autre différence avec le système américain.

    Les recettes qui avaient bien fonctionné à la belle époque peuvent-elles encore servir ? Clara Gaymard estime que ceux qui ont aujourd'hui vingt ans constituent une génération de rupture, qui n'attend rien de l'environnement actuel, et veut se prendre en main, créer des entreprises, innover.

    La France n'est pas le seul pays où les crises ont amené les entreprises à se transformer profondément, sans que, pour autant, cela ait rompu la confiance avec leurs salariés. Pourquoi cette particularité française ? Clara Gaymard y voit le reflet de notre incapacité à affronter les problèmes individuels : on répugne à se confronter directement, et on pense contourner les difficultés en instaurant à la place des règles générales. Egalement, on fabrique des experts que l'on cantonne dans leur expertise, sans vouloir prendre en compte les personnes dans leur entièreté.

    Une grande initiative collective telle que la candidature de Paris pour les Jeux Olympiques de 2024 pourrait-elle restaurer la confiance ? Pourquoi pas, répond Clara Gaymard, mais à condition de le faire bien, vraiment bien, et de s'en donner les moyens.

    Et quid de la responsabilité des médias dans la déprime collective ? Il y a ce que disent les médias, et il y a ce que les gens pensent : si un film est nul, le public n'y va pas, et l'excellence des critiques ne peut rien y changer.

    Enfin, selon Clara Gaymard, le défaut de dialogue social, à la différence de ce qui se passe en Allemagne, trouve son origine dans la façon dont la reconstruction après la Second guerre mondiale a été envisagée dans l'un et l'autre pays : l'Allemagne, qui ne pouvait plus faire confiance à la politique, s'est reconstruite pour et par l'économie ; la France s'est quant à elle reconstruite d'abord politiquement, refaisant de l'Etat ce pilier central autour duquel tout gravite, mais qui, devenu obèse, dysfonctionne régulièrement.

    Jack Aschehoug (H.72)

  • Cycle JPB, deficit public, le 06 février 2014

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    Quatrième édition des petits déjeuners de conjoncture organisés par le Groupement HEC Finance d’entreprise en partenariat avec le Cabinet Dentons : Agnès Verdier-Molinié, et notre camarade et économiste Jean Paul Betbèze (H. 72) ont débattu sur le thème : Déficit public et Croissance - Et si le Secteur Public s’inspirait des bonnes pratiques de la gestion d’entreprise ?

    Jean-Paul Betbèze commence par dresser un tableau de la situation économique française :

    - nous allons mieux mais, pas beaucoup,

    - la croissance a été molle tout au long de 2013 avec des hauts et des bas du fait d’un faible investissement,

    - cette faible croissance est accompagnée d’une faible inflation (environ 1%)

    La croissance est faible car les entreprises n’investissent pas (ou pas assez) ; en effet :

    - les entrepreneurs sont inquiets,

    - le taux de rentabilité des entreprises s’est érodé sous le coup des hausses de salaire consenties (notamment pour acheter la paix sociale) et des charges sociales et fiscales ce qui leur laisse très peu de marges de manœuvre.

    Dans ce contexte, il faut diminuer la pression fiscale pesant sur les entreprises pour leur redonner des marges (de manœuvre).

    Ainsi les entreprises pourront investir davantage ce qui relancera la croissance et la création d’emploi. La baisse de la pression fiscale sur les entreprises va entraîner une diminution des recettes de l’état et doit s’accompagner d’une diminution des dépenses de l’Etat. Par ailleurs du fait du contexte actuel (faible inflation, faible croissance), la maîtrise des salaires doit rester un objectif majeur pour les entreprises.

    Agnès Verdier-Molinié prend la parole et nous explique comment l’Etat va pouvoir (devoir) diminuer les charges qui pèsent sur les entreprises tout en réduisant la dépense publique.

    Elle explique qu’il y a une prise de conscience depuis 2 ans environ sur le fait qu’il faut raisonner au niveau de l’ensemble de la dépense publique c’est-à-dire non seulement la dépense de l’Etat, mais aussi celle des collectivités locales, de la sécurité sociale ainsi que de l’ensemble des prestations sociales.

    Et elle met en garde sur les effets de communication des gouvernements au sujet de la baisse des dépenses publiques ; par exemple :

    - quand le ministre du budget Bernard Cazeneuve annonce la baisse de la masse salariale des fonctionnaires de 200m€ en 2013, c’est vrai sur le papier mais 10 000 fonctionnaires ont été transférés dans le même temps aux opérateurs publics (IGN, Pôle Emploi, etc ..) : cette baisse affichée est donc artificielle ;

    - la communication d’économies se fait généralement en comparaison avec la hausse tendancielle (moyenne des augmentations des dernières années) ainsi la dépense publique continue d’augmenter en valeur nominale et passe entre 2012 et 2014 de 1150Mds € à 1180Mds€ puis 1200Mds€.

    Selon Agnès Verdier-Molinié, les dépenses publiques doivent baisser ou au mieux se stabiliser autour de 1200Mds€.

    Mais quelles dépenses baisser ?

    La France doit principalement s’attaquer au coût de la production des services publics tout en continuant à stimuler l’esprit d’entreprise. Ce coût s’élève à 27,7% du PIB contre une moyenne européenne de 24,9% : aussi nous pourrions avoir le même service public pour 59Mds€ de dépenses en moins…

    Exemples :

    - Dans l’éducation nationale par exemple, pour le même nombre d’élèves qu’au Royaume Uni ou en Allemagne, la France a 400 000 personnes dans les fonctions support alors que nos voisins en ont environ 100 000 : chacun (Etat, régions, départements, communautés de communes, communes) veut en effet avoir son mot à dire sur chaque politique ce qui engendre des doublons de compétences et une inefficacité de l’action publique.

    - Dans la culture également : le récent MUCEM (musée national) financé par l’Etat se trouve à quelques centaines de mètres de la Villa Méditerranée, financée par le conseil régional !

    L’Etat doit donc redéfinir les missions qui échoient à chacun et notamment regrouper les communes comme l’ont fait la Belgique, l’Allemagne et les Pays Bas notamment. Agnès Verdier-Molinié rappelle que la France a 40% des communes d’Europe !

    Ces doublons de compétences entraînent une démotivation des fonctionnaires qui sont trop nombreux, pas assez payés et pas assez valorisés. Un des effets en est l’absentéisme élevé dans la fonction publique.

    Il faut donc réduire la fonction publique au sens large de 700 000 postes (par le non remplacement de tous les départs en retraite pendant 4 ans !) ce qui demande une vraie vision RH de la fonction publique, des transferts entre administrations et de la formation.

    Les freins à cette réforme ?

    - Il y a un problème d'accès aux données publiques. Pour avoir les comptes des CAF ou les bilans sociaux des communes il faut les réclamer et menacer de liste noire

    - La dépense publique est devenue une rente. Notamment pour ceux qui la distribuent,

    - La peur des politiques de la rue,

    - La France n’a pas les syndicats de consensus et de progrès qu’il faudrait pour accompagner ces réformes selon Agnès Verdier Molinié.

    Mais la réforme arrivera forcément selon elle car nous avons une pression de l’Union Européenne, des marchés financiers et des agences de notation.

    Jean-Paul Betbèze conclut en indiquant que le fameux spread (écart de taux entre la France et l’Allemagne sur les marchés financiers) est faible à l’heure actuelle davantage pour des raisons conjoncturelles (inquiétudes sur les pays émergents avec un flight to quality) et que la note de la France n’a pas été dégradée par Moodys davantage pour ce qu’elle a promis de réaliser que pour les efforts qui ont réellement été mis en œuvre.

    Au sujet de nos intervenants :

    Agnès Verdier-Molinié est diplômée d’histoire économique et contemporaine. Elle a été journaliste et travaille au sein de l’IFRAP (Fondation pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques Publiques) depuis 2002. En 2009 elle prend la direction de l’IFRAP. Elle est également l’auteure de 3 ouvrages : La mondialisation va-t-elle… nous tuer ? (2008), Les Fonctionnaires contre l'État (2011) et 60 milliards d’économies … par an ! (mars 2013). www.ifrap.org

    Jean-Paul Betbèze est économiste. Il mène tout d’abord une carrière universitaire avant de rejoindre en 1989 la direction des études économiques et financière du Crédit Lyonnais. De 2005 à 2013 il est chef économiste et directeur des études économiques du groupe Crédit Agricole. En février 2013 il créé Betbeze Conseil. Il a écrit de nombreux ouvrages dont Si ça nous arrivait demain, paru en 2013.

  • Cycle JP Betbèze, impacts RH, le 13 juin 2013

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    Le groupement HEC Finance d’entreprise, fort de 1000 membres, et le cabinet Salans Dentons recevaient le 13 juin en les locaux de Salans une conférence Petit Déjeuner Economie et Conjoncture, avec la participation de Jean Paul Betbèze et Françoise Gri sur le thème « Acte 3 de la crise de la zone Euro, Quels sont les effets prévisibles sur la gestion des hommes dans l'entreprise et quel rôle doit être celui des ressources humaines ».

    La thématique de la crise continue de s’imposer, cependant l’enjeu devient social et Françoise Gri de par son expérience de l’entreprise et des thèmes sociaux et de ressources humaines allait donc être notre invitée de prestige.

    Sylvie Bretones, présidente du groupement HEC FE présentait le débat et 2 intervenants de conviction, débat qui promettait donc d’être passionnant.

    Jean-Paul Betbèze évoquait tout d’abord la situation économique actuelle avec une crise de dette pesant sur la plupart des économies mondiales et particulièrement en Europe. Ce type de crise a 5 variables d’ajustement :

    1 - baisser les Taux d’intérêts à court terme autant que possible ;

    2 - baisser les taux d’intérêts à long terme ;

    3 - faire baisser le cours de sa devise (ce que font les E-U avec le Dollar) ;

    4 - faire baisser le coût de l’énergie (ce que font les E-U avec le gaz de schiste) ;

    5 - baisser les coûts salariaux.

    Les 5 remèdes ont été appliqués par les E-U, mais ne le sont que peu ou pas en Europe :

    1 - Seulement depuis quelques semaines ;

    2 – Oui, surtout en Allemagne. Mais les taux du sud de l’Europe restent élevés, alors que la France bénéficie encore d’un taux privilégié. L’action de Mario Draghi a été prépondérante dans le retour des taux du sud à des niveaux plus acceptables.

    3 - L’Euro n’a pas baissé, car les Américains ont fait baisser le dollar pour rééquilibrer le change de leur devise avec la monnaie chinoise, ce qui se passe très lentement. L’Euro subit a contrario un fort ajustement.

    4 – Les énergies restent chères en France et en Europe.

    5 - Reste la variable d’ajustement sur les salaires, sous des formes différentes selon les pays. Si les Européens et notamment les  Français ne travaillent pas sur les autres variables, l’ajustement devra se faire sur les salaires.

    Nous sommes effectivement dans cette phase aujourd’hui avec une baisse du pouvoir d’achat en France constante depuis 2012, un chômage qui progresse, des jeunes de moins de 25 ans qui entrent sur le marché du travail avec des salaires globalement plus bas que leurs prédécesseurs et un premier CDI seulement vers 27 ans. De plus, les personnes âgées de plus de 55 ans sont aussi en dehors du marché du travail. La consommation se tasse donc et le taux d'épargne reste élevé.

    En résumé, nous avons :

    1)    Une croissance française à zéro. La production industrielle a un peu monté pour des raisons de stockage, mais le moral des entrepreneurs et des particuliers n’est pas là. Les 2% de croissance dans 2 ans semblent plus hypothétiques que jamais.

    2)    Un ajustement salarial avec des problèmes sociaux.

    L’honneur revenait donc à Françoise Gri de guider les auditeurs présents sur le sujet de l’évolution du marché du travail, un sujet lui tenant particulièrement à cœur.

    « Ce n’est pas la crise qui créé la situation de ce marché du travail, elle l’accélère ».

    Tendances de fond :

    - L’évolution démographique : une population active qui baisse en Europe alors qu’elle augmente aux E-U.

    - Des révolutions technologiques accélérées par la crise : l’impact du numérique sur l’activité pèse de plus en plus et le « talent mismatch » s’accroît : les recruteurs ne trouvent pas les compétences qu’ils recherchent alors que le taux de chômage est au plus haut en France.

    - Ce marché du travail va exiger de plus en plus de compétences : ceux qui sont qualifiés vont s’en sortir, alors que les non qualifiés resteront sur le côté du chemin, d’où un problème social.

    En temps de crise, on a tendance à ne regarder que la crise alors que les remèdes doivent être trouvés sur des facteurs de plus long terme : le court termisme s’impose, alors que long termisme serait nécessaire.

    Ces tendances se retrouvent partout dans le monde et surtout en Europe. La situation de la  France est très particulière, car son marché du travail comporte des défauts depuis longtemps.

    C’est un marché rigide, mais qui s’est adapté, d’où une étonnante dualité. Avec des seniors qui travaillent dans des grandes entreprises principalement et qui sont plus protégés que les autres catégories ; et un taux de chômage beaucoup plus élevé chez les jeunes.

    Cette crise accroît également la difficulté à s’adapter aux nouvelles donnes. L’ajustement des salaires se fait de façon très injuste : les jeunes n’accèdent à un CDI qu’à 27 ans avec des rémunérations moins élevées et un pouvoir d’investissement limité pour « s’installer dans la vie ».

    Le marché du travail est bloqué, il est donc difficile de détecter les moyens d’un rebond.

    De plus, une étude récente montre que les employés français sont les moins motivés d’Europe. Pires que les Espagnols et les Italiens !

    Paradoxalement, 58% de ces collaborateurs non motivés n’envisagent pas de quitter l’entreprise. Ces Français se sentent donc coincés dans un poste qu’ils ne peuvent quitter et n’espèrent pas mieux demain : notre pays n’est donc pas armé pour le monde de demain, les nouveaux talents ne sont pas intégrés et les employés se sentent « coincés ».

    Une des causes de cette situation est la façon dont nous manageons au sein des entreprises. D’une façon dure générée par ce marché du travail rigide qui se résume à une gestion par les coûts, avec une population de sous-traitants vivant à la périphérie des entreprises.

    Par ailleurs, les marges en France sont sous pression et la marge de manœuvre des entreprises est réduite. Le management quotidien ne peut donc aider à la motivation des collaborateurs.

    Ceci se retrouve aussi au niveau des DRH. Aujourd’hui, leurs sujets essentiels sont l’adaptation des coûts et la gestion de l’emploi.

    Il est difficile de mesurer la durée d’une telle période, mais les tensions se cristalliseront lors de la sortie de crise car le pouvoir d’achat perdu ne reviendra probablement jamais.

    Les entreprises ont quand même un certain nombre d’actions possibles :

    1) Accompagner les collaborateurs et aider les managers à accompagner leurs collaborateurs. C’est un sujet critique, surtout en cette période. Les managers doivent avoir leurs collaborateurs « avec eux ».

    Ces dernières années, le top management a regardé la situation au sein de l’entreprise d’un peu loin et les managers de proximité ont été délaissés. Les accompagner est crucial dans cet environnement de crise, car ils ont du mal à relayer l’objectif de l’entreprise.

    2) Développer l’employabilité pour demain. C’est un enjeu majeur des relations sociales au sein de l’entreprise et plus globalement pour les partenaires sociaux sur le marché du travail. Il est temps de reprendre sérieusement le sujet de la GPEC (Gestion Prévisionnelle de l'Emploi et des Compétences) qui a été dramatiquement édulcorée et qui est utilisée aujourd’hui pour préparer un PSE.

    3) Politique salariale : elle ne peut être prometteuse, il faut donc trouver des « goodies », des petites choses qui montrent qu’on a de l’attention et de l’empathie. Ces mots accompagnent la performance de l’entreprise et ne sont pas des mots « bisounours ».

    On ne peut de toute façon pas faire ces transformations contre ses collaborateurs et le marché du travail, car on en a besoin pour générer de la richesse dans l’entreprise.

    Les fonds de formation sont gérés de manière totalement inefficace aujourd’hui et ne permettent pas de gérer cette transformation, car ils sont gérés en intra-entreprise et ne crééent pas les ponts entre les besoins d’aujourd’hui et ceux de demain. La notion anglo-saxonne de Workforce management (gestion de l’emploi, des compétences, de la motivation) est critique pour la gestion des entreprises dans ce monde qui change de façon extrêmement profonde.

    L’auditoire a pu ensuite adresser des questions à nos deux intervenants :

    Question sur le syndrome du contremaître et le problème du management de proximité : quels sont les avantages personnels à prendre des risques et à manager lorsque l’échelle des salaries dans les 1er échelons est réduite du fait du SMIC ?

    Le blocage ne date pas d’aujourd’hui et il n’existe pas vraiment de solution, mais la difficulté s’est accrue du fait de la crise et de la gestion de collaborateurs de plus en plus externes à la société comme les intérimaires.

    De plus, ces managers ont été totalement ignorés des politiques de formation, or ils sont les plus au contact des tensions internes au sein de l’entreprise. Il faut donc les aider, alors que peu d’entreprises ont aujourd’hui des plans de formation, d’accompagnement de ces managers.

    Concernant « les » SMIC : c’est un vrai et énorme sujet pour la France. Il est inadapté du fait de la tertiarisation de l'économie. C’est en effet dans les services qu’on va trouver des emplois qui sont par définition encore plus dépendants du coût des équipes. De ce fait, la France ne montre pas l’exemple : pratiques incorrectes sur gestion de l’emploi, pression terrible sur collaborateurs, développment d’une sous-traitance qui ne respecte pas le droit. Le SMIC est donc un vrai problème sur le marché du travail en France qu’il faudra traiter.

    Ce sera cependant difficile car c’est un sujet assez caricatural de la pseudo-protection de notre marché du travail et même si financièrement des moyens de changer existent, et non au détriment du salarié, la barrière administrative sera très difficile à surmonter.

    Question sur les partenaires sociaux : les syndicats en France sont contestataires et non de service pour les salariés. Quelles solutions pour progresser ?

    Il y a un gros problème du syndicalisme à la française qui représente essentiellement les salariés des grandes entreprises et les fonctionnaires par contradiction avec le syndicalisme des pays nordiques qui est un syndicalisme de service. Le dialogue social ne fonctionne pas et dans les mois qui viennent ce sera critique !

    La seule façon à court-terme de traiter ces tensions est de trouver des gens de bonne volonté de part et d’autre de la fracture qui s’est créée et qui regardent à long-terme.

    C’est le cas de la CFDT qui est capable d’accompagner ces sujets avec un engagement profond et courageux. Notamment sur les sujets de la précarité du travail. Il faut absolument que le MEDEF ne parle pas que de fiscalité et tende également la main, et trouve un terrain de travail avec la CFDT. La voie est étroite !

    Question sur le passage d’une société de protection à une société du risque, avec toutefois une vision du salarié inchangée (salarié co-investisseur de fait de l'entreprise).

    Il faut renouveler ce contrat (salarié associé au risque, mais pas rémunéré comme tel). C’est ce que font les anglais en n’ayant pas peur d’aller chercher mieux « ailleurs ». Il faut un contrat par projet (win-win) car c’est ce que scrutent les jeunes collaborateurs maintenant.

    Il va falloir accepter que la seule façon de gagner dans le monde du travail d’aujourd’hui, c’est de passer d’entreprise en entreprise. Pour les entreprises, ce n’est pas agréable d’investir sur des personnes qui vont les quitter, mais il faut l’accepter.

    Par ailleurs, les récents changements de fiscalité sur le forfait social (PEE et autres) sont défavorables, inutiles et à contre-sens de ce qu’il faudrait faire.

    Question sur l’échelle des salaires et les 1er échelons dans l’entreprise : on a l’impression que l’ascenseur social a été cassé en France, notamment avec les 35h. Vous ressentez cette tension potentielle et comment gérer cette absence d’evolution ?

    Dans les grandes organisations, les tensions sociales sont vécues comme au sein de la Société avec un étirement manifeste entre collaborateurs « productifs » et cadres.

    Ce qui est le plus destructif, c’est la perception par les seniors d’un problème d’ascenseur social pour leurs enfants. Ils sont prêts à faire des efforts pour ceux-ci et ils aideraient à passer cette période s’ils avaient le sentiment que leurs enfants ne seraient pas plus déclassés dans le monde de demain. C’est un problème très grave pour la société française car il augmente encore le sentiment d'angoisse ambiant.

    Nous avons créé une société qui n’intègre plus. C’est un signal faible extrêmement destructeur de la société française.

    De plus la France subit un problème de « fracture numérique »: selon le niveau de qualification, la capacité d’utilisation des nouvelles technologies est très différente. Dans la réalité, les jeunes ne s’en sortent pas tous très bien et il est impératif que l’école s’empare de ce sujet.

    Question sur le management : beaucoup de managers n’ont plus envie de l’être (départs à l’étranger, évolution vers le coaching, etc…).

    On est au début de ce phénomène de fuite avec un accroissement des jeunes qui quittent le pays. Toutefois, on incite nos jeunes à avoir des expériences à l’extérieur et c’est très bien pour la France et son industrie.

    Il faut juste les inciter à revenir, et pour cela investir, ne pas créer de problèmes fiscaux, éviter la morosité ambiante, le négativisme. Il faut donner envie à ces jeunes de se battre pour la France et leur montrer qu’il y a des choses à faire en France !

    Question sur l’emploi : démotivation des créateurs d’entreprises, freins au changement. Le seule moyen est-il que la crise se durcisse pour que cela bouge ?

    Pour que les entreprises grandissent, il faut que la fiscalité française change sur l’ISF. Un auditeur donne l’exemple de Taittinger qui s’est épuisée à payer des dividendes pour que ses actionnaires puissent payer leurs ISF.

    Françoise Gri parle ensuite de son évolution récente et du pourquoi de ce changement.

    Le premier choix était de passer d’un groupe américain à une entreprise française de taille moyenne en difficulté. Projet un peu improbable, mais avec un challenge supplémentaire et passionnant !

    C’est une entreprise bouleversée par le numérique. Sa relation avec le client est totalement transformée par le numérique. Cette transformation tout azimut a nécessité de mobiliser toute la population de l’entreprise. La révolution numérique peut détruire, mais elle peut aussi être un extraordinaire vecteur de motivation pour accompagner le changement dans l’entreprise.

     

  • Cycle JP Betbèze, dosage pour la France, le 15 novembre 2012

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    Compétitivité, austérité, mesures fiscales : quel dosage pour redynamiser la France ?

    Le groupement HEC Finance d’Entreprise a poursuivi le 15 novembre dernier sa formule matinale « petits déjeuners économie & conjoncture » initiée avant l’été. Nous remercions encore une fois le cabinet Salans pour son accueil dans ses locaux parisiens.

    Après son analyse sur les composantes de la crise de la zone euro qui avait fait l’objet de notre première séance du 27 juin dernier, Jean Paul Betbèze (H.72), chef économiste et Directeur des études économiques du Crédit Agricole accompagné pour cette session de Anne Quenedey (H.91) Avocate associée, spécialisée en droit fiscal au Cabinet Salans, nous a aidé à décrypter le fragile équilibre entre compétitivité, austérité, et mesures fiscales. Ils ont tenté de répondre à la problématique du dosage optimal nécessaire pour redynamiser la croissance en France.

    JP Betbèze, par ailleurs membre du Cercle des économistes et auteur de plusieurs ouvrages, a mis en perspective les différentes solutions offertes ainsi que les choix adoptés ces derniers mois tant en France que chez nos proches voisins Européens. Avec A Quenedey, ils ont réalisé un exposé à la fois synthétique et très bien documenté pour un sujet qui est loin d’être simple et rarement objectif. Même si, malheureusement, l’optimisme n’est pas de mise en ce qui concerne la croissance économique dela Franceà court et probablement moyen terme, nous sommes ressortis convaincus qu’un exposé technique sur le sujet permettait d’objectiver le débat et constitue déjà, par sa bonne compréhension, l’amorce d’un chemin v ers l’élaboration de la « formule optimale ».

    Nous nous limiterons ici à évoquer quelques idées-forces sur le sujet :

     

    1° La France se trouve actuellement dans une situation économique compliquée

    2012 va être une année de croissance 0 et pour 2013, certains prévoient même une croissance négative (de -0.2% à -0,4%). Pour JPB, 2012 serait plate et 2013 légèrement positive.

    Dans ce contexte, il sera très compliqué de tenir les objectifs de 0.8% de croissance du PIB qui sous tendait les objectifs ambitieux de réduction du déficit budgétaire:La Frances’est donnée une contrainte qu’elle ne pourra pas honorer, sauf programme suplémentaire d’économies.

    Aussi, il est donc fort probable que dès l’annonce des chiffres sur le déficit au 1r trimestre 2013, la tension va monter tant avec les marchés financiers qu’avec nos pays voisins, notamment l’Allemagne – si les chiffres ne sont pas bons, bien sûr.

     

    2° La solution de « rupture » proposée par les économistes et les financiers, pratiquée dans d’autres pays et qui permet d’augmenter la profitabilité

    Le diagnostic sur la situation économique est clair : la chute libre de la rentabilité des entreprises industrielles depuis 2007 dénote un grave problème de compétitivité.

    Devant ce constat, les économistes et les financiers, avec à leur tête L. Gallois ont proposé un plan qui consistait à créer à court terme une « rupture » pour enrayer l’absence de croissance et la faible profitabilité. Cette « rupture » s’appuyait sur le « transfert des charges sociales pesant sur les entreprises vers la fiscalité et la réduction de la dépense publique. Pratiquée déjà dans d’autres pays voisins, elle permettait de dégager près de 2% de valeur ajoutée de manière à permettre aux entreprises de bénéficier d’un bol d’air pour redresser leur compétitivité et ainsi relancer à terme la croissance. En même temps, cette fiscalit&e acute; qui allait peser sur les ménages (notamment par l’augmentation possible des taux de TVA) allait freiner la demande interne, donc les importations, et pousser les entreprises à exporter plus.

     

    3° Le choix fait en France

    A la sortie des élections d’avril et mai dernier, le Gouvernement a choisi une réponse politique en suivant les promesses du candidat Hollande. Ce fut la voie de la hausse de la pression fiscale tant sur les ménages que sur les entreprises, pour réduire le déficit sans trop affecter la croissance, autrement dit en faisant porter l’ajustement sur les hauts revenus et les grosses entreprises, pour l’essentiel.

    Mais l’impact immédiat a été une montée de l’inquiétude des entrepreneurs et des ménages devant la succession de mesures issues du Projet de Loi de Finances pour 2013 et du Projet de Loi de Finances Rectificative pour 2012. Comme l’a souligné A Quenedey, la multiplicité des mesures depuis quelques mois, combinée à leur manque fréquent de clarté quant au champ d’application exact, ont contribué à exacerber le sentiment d’incertitude. Cette incertitude des entrepreneurs et des ménages français s’étend aussi aux investisseurs étrangers devenus frileux et qui risquent fort de se tourner vers d’autres pays plus compétitifs sur le plan fiscal. Alors que les mesures voulaient sauvegarder la croissance, on voit que cet objectif e st en risque.

    Devant ce constat, le Gouvernement a repris quelques éléments de la proposition de L. Gallois via le Pacte de Compétitivité. Ce Pacte propose notamment un crédit d’impôt pour les entreprises (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi), la stabilisation sur la durée du quinquennat de certains dispositifs fiscaux importants pour l’investissement et la vie des entreprises (crédit d’impôt recherche, régime des JEI, incitations aux investissements dans les PME, dispositifs favorisant la détention et la transmission d’entreprises…), des pistes pour développer l’épargne financière à long terme, et une réflexion générale sur l’impôt des sociétés.

    Toutefois, il est fortement probable que l’impact psychologique (négatif) des réformes visant à augmenter la pression fiscale perdurera malgré le bol d’air apporté par le Pacte de Compétitivité ainsi que les annonces faites sur la réduction des dépenses publiques.

     

    4° Et après ?

    La Francese trouve actuellement dans un « corner » : la compétitivité est en chute libre faute d’avoir refusé de prendre des mesures de modération salariale et les réformes fiscales mises en place ont eu un effet négatif que les dernières décisions (Pacte de Compétitivité et réduction des dépenses publiques), d’ailleurs contraintes par ces premières mesures, auront du mal à enrayer.

    La croissance sera probablement faible sur les prochaines années. Le rattrapage sera compliqué et lent avec des dommages collatéraux comme par exemple des délocalisations d’activités vers d’autres pays plus avantageux fiscalement, une accentuation de la pression des agences de notation surla Franceainsi que certainement des relations tendues avec nos pays voisins (Allemagne et Italie), si des mesures plus directes ne sont pas prises.

     

    5° Question de la salle : y-a-t-il un espoir d’une réforme fiscale cohérente et réaliste ?

    Le Pacte de Compétitivité donne quelques pistes comme par exemple la réforme de l’impôt sur les sociétés. L’enjeu en matière d’impôt sur les sociétés est de réussir à élargir au maximum la base de l’impôt français applicable aux opérations présentant une dimension internationale, pour aller chercher de l’argent « à l’extérieur ».

     

    6° Question de la salle : quelle solution peut-on envisager?

    La solution réside probablement à sortir du débat politique et à réexaminer le sujet d’un point de vue technique en mettant en perspective les enjeux macro économiques et en remettant le sujet de compétitivité au centre du débat.

     

    Christine Dejean – Membre du bureau HEC Finance d’Entreprise

    Ce petit déjeuner a été organisé par Jack Aschehoug (H.72), Catherine Noel Fiacre (M.04) et Isabelle Loupot (M.03), membres du bureau HEC Finance d’Entreprise, Présidé par Sylvie Bretones (M.97)

  • Lancement du cycle macro-éco avec Jean-Paul Betbèze

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    Le groupement HEC Finance a inauguré sa nouvelle formule matinale limitée à 30 participants - les « petits déjeuners économie & conjoncture » - le 27 juin dernier dans les locaux du cabinet Salans à Paris (que nous remercions chaleureusement pour son accueil).  Pour cette première, Jack Aschehoug (H 72), Catherine Noel Fiacre (M04) et Isabelle Loupot (M03) membres du bureau HEC FE avaient invité Jean Paul Betbèze (H 72), chef économiste et directeur des études économiques du Crédit Agricole, pour intervenir sur le thème « comment sauver la zone Euro ? quelle crise ? quels outils ? » ; pour l’anecdote, on était alors à trois jours d’un sommet Européen critique, supposé apaiser les vives tensions réapparues sur la zone Euro !

    JP Betbèze, par ailleurs membre du Cercle des économistes et auteur de plusieurs ouvrages récents sur le sujet, nous a fait un exposé très brillant, à la fois didactique, très bien documenté et qui plus est plein d’humour ; nul doute que nous avons désormais les idées plus claires sur ce sujet brûlant et ô combien médiatisé (avec des commentaires parfois erronés) . Nous nous limiterons ici à évoquer quelques idées-forces :

     

    1° La  crise actuelle (amorcée en 2008) résulte d’un excès de dette généralisé

    Les dettes des Etats ont explosé, atteignant des niveaux très inquiétants en % du PIB ; plus aucun pays, sauf peut être la Suisse, n’est actuellement considéré comme sûr !

    Les autres acteurs économiques : banques, immobilier, entreprises, particuliers sont également déjà très endettés ce qui accentue l’ampleur de la crise mondiale actuelle, comparable à celle de 1929, et complique les mécanismes de reprise.

    Il y  a eu perte de confiance des marchés financiers devant le laxisme général du passé récent (« argent trop facile »), les opérateurs sont très nerveux et sur-réagissent à la moindre étincelle, par exemple le risque de faillite de la Grèce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des enjeux & risques à l’échelle mondiale.

    Il y a donc urgence à casser la spirale de l’endettement en diminuant les dépenses (et non pas en augmentant les impôts) d’où la situation actuelle de récession économique.

     

    2° Les risques d’amplification de la  crise

    Spirale descendante de déflation : ne pas réduire trop fortement les dépenses car le but ultime est de retrouver une croissance économique (> +2%) . Ainsi les pays d’Europe du Sud ont du mal à réduire leurs déficits car la récession diminue aussi leurs recettes fiscales.

    Bataille de politiques monétaires entre les leaders économiques mondiaux : la rivalité Chine /USA a ainsi plutôt tendance à renchérir le cours de l’Euro, ce qui est contre-productif dans le contexte actuel.

    Risque d’explosion de la zone Euro par contamination de la crise grecque : la situation est actuellement très tendue pour l’Espagne et l’Italie et il faut absolument que ces deux pays puissent se re-financer rapidement de manière moins coûteuse.

     

    3° Les principaux outils pour sortir de la crise

    Comme rappelé précédemment, la crise est beaucoup plus profonde que prévu et donc la reprise sera d’autant plus compliquée et risquée !

    La crise bancaire semble désormais s’estomper, grâce au soutien très actif des banques centrales et des pouvoirs publics (baisse des taux d’intérêt, facilités de refinancement, incitation à des regroupements …)

    Les réductions drastiques des déficits publics devront être confirmées, néanmoins un consensus semble se dessiner en faveur d’une moindre rigueur dans leur mise en œuvre afin de ne pas tuer dans l’œuf la reprise économique qui s’annonce déjà beaucoup plus lente que prévu (cf 2012 quasi-plat).

    Le salut pour les pays d’Europe du sud viendra des gains de compétitivité générés par la baisse des salaires nominaux ; comme l’Allemagne a également fait de très gros efforts ces dernières années, la France doit rester très vigilante sur la modération salariale, sinon elle sera laminée à l’exportation.

     

    4° Question de la salle : une mutualisation de la dette européenne est-elle possible ?

    Cette mutualisation permettrait en théorie un refinancement à taux très bas pour tous les pays, évitant ainsi une charge d’intérêt en croissance exponentielle ; mais elle est irréaliste techniquement, même via la création d’un organisme spécifique doté de fonds propres : si la Grèce veut lever un nouvel emprunt, comment pourrait-elle engager l’Europe entière ?

    La seule alternative viable pour baisser le coût de la dette passe par une meilleure intégration bancaire européenne et une intervention accrue de la BCE, auxquelles l’Allemagne était jusqu’à présent réticente ; mais un tel compromis peut être espéré car une faillite grecque ou espagnole serait in fine très néfaste pour son économie ! 

     

    5° Question de la salle : jusqu’où faut-il aller dans le soutien au secteur bancaire ? 

    Le soutien aux banques par les Etats ou la Banque Centrale permet de doper la confiance des opérateurs, elle même nécessaire pour favoriser la reprise économique ; grâce à une forte réactivité des USA et de l’Europe après le choc provoqué par la faillite de Lehman Brothers, on a évité le pire !

    Il faut toutefois faire preuve de discernement : si la banque n’a qu’une crise passagère de liquidité il faut intervenir via la banque centrale ; si le mal est plus profond, il faut  restructurer et adosser ce qui reste sain à une autre banque plus solide.