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Petit déjeuner Jean-Paul Betbèze, le 03 novembre, Où va le monde, où allons nous ? (23/12/2015)

La bonne nouvelle est que grâce à l’Arabie saoudite et à Mario Draghi, nous ne mourrons pas !
 
Alors que  les  pays  émergents  sont  en  mutation,  la  situation  économique  des pays
« industrialisés » s’améliore lentement.
Les leaders mondiaux changent de logiciels. La baisse du Yuan en août 2015 a créé l’effet de surprise et ce mouvement n’est pas terminé. Il marque le ralentissement de la croissance en Chine et un re-balancement de l’économie chinoise vers son marché domestique.
Auparavant, lorsque la Chine exportait massivement contre des bons du trésor américain, on ressentait un déséquilibre. Aujourd’hui, on ne sait pas.
On peut par ailleurs s’attendre à une remontée des taux en 2017 et 2018…
Un nouveau paysage économique se dessine avec moins d’inflation mondiale (1 à 2%/an) et moins de croissance dans les pays émergents – le taux de croissance en Chine devrait se réduire à 5% dans 10 ans. La croissance sera de moins en moins tirée par le commerce international : les pays émergents vont plus se tourner vers la demande intérieure et les pays industrialisés vont s’occuper d’eux et des autres.
 

LA CHINE : Nouvelle normalité
Depuis 30 ans et jusqu’à une période récente, le moteur du développement économique de la Chine était la fabrication de produits bon marché destinés à l’export avec des taux de croissance annuels de plus de 10%.
On assiste aujourd’hui à un véritable ralentissement avec un taux de 7%. Il y a eu des surinvestissements dans le bâtiment, les infrastructures et l’industrie. Les coûts salariaux ont fortement augmenté. A partir d’août 2015, la bourse de Shangaï chute, les cours des matières premières baissent et la devise chinoise se déprécie.
Le modèle économique va devoir changer car la population est là ! La stratégie économique évolue vers plus de croissance et de satisfaction internes. On parle de
« nouvelle normalité » et de « croissance harmonieuse ».
De plus, les Autorités chinoises veulent sortir du « diktat » imposé par le dollar américain et hisser le Yuan au rang de monnaie mondiale en entrant graduellement dans le panier des DTS aux côtés du dollar US, de l’Euro, de la livre sterling et du Yen japonais. Pour la 1ère fois une monnaie d’un pays émergent deviendrait une monnaie de réserve. La Chine veut pouvoir s’exprimer au sein du FMI.
En parallèle, la Chine crée avec les pays du BRICS deux banques régionales à Pékin et à Shangaï afin de développer des pools de liquidités en cas d’attaque de leurs monnaies et afin d’éviter que le dollar US ne devienne la devise de ses transactions internes.
L’important est de faire baisser la parité du yuan ! Comment ? En rachetant des affaires hors Chine.
La Chine qui se développe est une Chine qui désormais s’occupe d’elle !!!

USA : en attendant décembre
La Présidente de la Réserve Fédérale américaine hésite encore à relever ses taux d’intérêt. En dépit d’une inflation de 1.9% et d’un taux de chômage de 4% qui marque le début du plein emploi, Janet Yellen reste préoccupée par le chômage (qui touche principalement ceux qui ne savent pas utiliser les nouvelles technologies) et par le
« tantrum » que provoquerait une remontée des taux pour les pays émergents qui ont contracté des positions longues en dollars US (10 à 15 ans) à des taux très bas.
Christine Lagarde considère que, même faiblement, les taux d’intérêt doivent être augmentés aux Etats Unis. Ce qui n’est pas possible actuellement dans les autres zones : l’Europe n’a ni croissance ni inflation, le Royaume Uni n’est pas en mesure d’accroître ses taux et le Japon est dans une situation difficile.
Dans l’esprit des marchés, le taux de croissance aux Etats Unis est élevé : en 2016, Ils prévoient 2.5%, proche du maximum qu’ils estiment à 2.7%. Le monde boursier a anticipé le phénomène avec des valorisations d’entreprises au maximum.
La croissance viendra plus de l’interne que de l’export
 
Arabie Saoudite : une stratégie de part de marché
L’Arabie Saoudite cherche à développer sa part de marché sur une longue période. Elle veut contrecarrer les USA et achète du pétrole de schiste. La menace vient de l’Iran qui possède beaucoup de pétrole de schistes.
L’Arabie Saoudite a d’importantes réserves en actions de la zone Dollar. Accusant un ratio déficit budgétaire/PIB > 20%, elle a intérêt à faire remonter les cours du pétrole.
 
Zone EURO : le miracle Draghi
Mario Draghi a repris le rôle de Moïse (« mer retire toi ») et s’appuie sur les importantes liquidités pour permettre à la zone Euro de passer la crise « whatever it takes ».
En continuant la baisse des taux d’intérêt, il veut résoudre la crise conjoncturelle (2008) et donner aux gouvernements les conditions de faire les réformes structurelles : celles-ci se mettent en place petit à petit au travers de la formation, dans la plupart des pays à l’exception de la France. L’« uberisation » de l’économie ne se fera pas sans souci. Le processus sera très long – il faut compter 10 ans. Le véritable danger est la montée du populisme par peur de souffrir et crainte du changement.
Par son action Mario Draghi a déjà réduit l’écart de 400 à 100 points de base entre les taux d’intérêt italiens et espagnols d’une part et les taux allemands d’autre part.
Le taux de croissance en Europe (Allemagne, UK, Espagne, Italie) est en moyenne de 1%/an.
Le taux d’inflation est proche de 0%. Il est en réalité la résultante de l’augmentation des coûts salariaux (+1.9%) et de la désinflation importée (- 2%).
Que se passera-t-il le jour où les cours du pétrole remonteront ?
Mario Draghi affirme que le taux de change n’est pas sa préoccupation ! Que peut-on  faire si l’Euro baisse ? ou encore si l’Euro et le Dollar US baissent simultanément pour les mêmes raisons ?
Les taux d’intérêt à court terme sont à 0%. Les dépôts sont rémunérés à - 0.2% pour obliger les banques à faire des crédits. Le risque de reprise de l’inflation devrait rester faible pour une longue période.
Toute la politique de Mario Draghi est de ne pas se laisser aspirer par la remontée de l’Euro qui suivrait la hausse du Dollar américain. Pour cela, il achète les bons des trésors du Portugal, de l’Espagne, de l’Italie et de la France (laquelle pourrait devenir en 2017 le 1er émetteur de dette de la zone Euro).
En décembre, les taux d’intérêt pourraient descendre à – 0.3%
 
FRANCE : des effets positifs de la baisse du pétrole et de la politique de Mario Draghi !
Les prévisions officielles donnent un taux de croissance : + 1.5% et un taux d’inflation   :
+ 1%. L’inflation pourrait encore baisser et la croissance tomber à 1.2%. La faiblesse de la croissance s’explique par la faiblesse des nouveaux investissements. Les « sweeteners » comme le CICE s’arrêtent en 2016.
Avec des revenus qui augmentent et des prix qui baissent, la consommation est le  moteur de la croissance en France. La relance de la consommation devrait avoir un effet sur l’emploi. Ce sont les services qui progressent et non l’industrie.
Une bonne nouvelle : le ratio Dette/PIB devrait diminuer dès 2018. L’amélioration de ce ratio dépendra ensuite de la croissance du PIB et de la capacité du pays à réduire ses dépenses liées au vieillissement de la population et à repousser l’âge de départ à la retraite.

En
synthèse
Le monde change : les pays émergents se mettent à fabriquer des produits pour eux (nouvelle normalité)
Dans les pays industrialisés les changements conjoncturels (maîtrise des taux d’intérêt) doivent permettre un changement structurel (réformes et formation aux nouvelles technologies, aux nouveaux savoir-faire). En France, Macron ouvre la voie mais une loi sur le numérique s’impose…
Nous vivons une époque passionnante, qui n’est pas catastrophique mais qu’il faut expliquer. Le modèle économique des entreprises de ce nouveau monde évolue vers plus d‘efficacité et un meilleur traitement de l’information («big data ») : Criteo, Bla-bla car, AirBnB…
 
Jacques Madinier

16:43 | Tags : jean-paul betbèze, jacques madinier, conjoncture, 2016 | Lien permanent | Commentaires (0)