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Billet - Page 3

  • Billet n°3, 2014

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    Billet n°3 - La Rebuffade du comptable par Florent de Cournuaud

    En raccrochant, Pauline se dit que décidemment son président avait des exigences qui ne s’embarrassaient pas des contraintes des autres. L’assistante de Mr Leduc venait de lui dire que son patron souhaitait la voir immédiatement. Abandonnant son calcul des contributions en cash au titre des plans Articles 39.1 et 39.2, Pauline se leva, attrapa un cahier, un stylo et sa calculette fétiche et se dirigea vers le bureau de Mr Leduc, le saint des saints, dont on ne savait jamais si on ressortirait béni ou viré.

    « Entrez donc et installez-vous à la table, je finis de répondre à cet idiot de Simon, incapable de sortir un produit dans les délais, et je suis à vous, ma chère Pauline. »

    Après dix longues minutes, interminables, rythmées par le tapotement fastidieux de Mr Leduc sur son clavier, le président s’extirpa de son fauteuil en cuir et vint rejoindre Pauline à la table de travail.

     « J’ai entendu dire que nos résultats financiers vont être bons cette année »

    « En effet, Monsieur le Président, nous avons moins vendu que prévu en cette fin d’année, et donc nous avons moins de coûts commerciaux, et donc nous avons de meilleurs résultats » expliqua Pauline d’un ton égal.

     « Cela ne va pas. A quoi cela sert d’avoir de bons résultats si aucun analyste ne les attend ! Il va falloir remédier à cela. Vous me passez une provision qui nous remet en ligne, légèrement au-dessus, de notre budget initial »

     « J’ai déjà fait le point avec l’ensemble des services opérationnels et nous avons identifié toutes les provisions pouvant être comptabilisées. Malheureusement l’écart reste trop grand et je crains de ne pas avoir les moyens de satisfaire votre demande. » se justifia Pauline dont les mains commencèrent imperceptiblement à trembler.

     « C’est votre job. Vous êtes directeur comptable, oui ou non. C’est à vous de trouver une solution et je ne veux pas savoir laquelle… »

     « mais c’est vous qui signez les comptes »

     « …et vous me trouvez un truc crédible : un litige, un taux d’impayés… »

    « …et les commissaires aux comptes risquent… »

     « On se revoit à la réunion de clôture dans une semaine. Bonne journée, Pauline. »

    Sans savoir pourquoi, pour la première fois de sa vie sans doute, Pauline sentit qu’elle perdait le contrôle d’elle-même. Que cette goutte, cette fameuse goutte de trop, portait en elle le dénigrement le plus radical de sa fonction, de son utilité à l’entreprise, de son rôle de « gardien du temple » qu’elle avait tant servie à ses équipes comptables, de son intégrité et de son intelligence. Oui, cette provision injustifiée était une goutte, une goutte visqueuse et immorale, une goutte viciée capable de polluer un océan de rigueur et de compétences.

    Alors, Pauline se lâcha. Alors Pauline perdit sa mesure et quittant le bureau, elle murmura distinctement pour que le Président puisse l’entendre, comme un souffle asséchant, comme le cri victorieux du roi des Dipsodes : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » et elle ferma la porte délicatement car le pouvoir n’aime pas le bruit.

     

  • Billet n°2, 2014

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    Billet n°2 : Prendre la mesure d’un facteur de succès : la culture d’entreprise par Cyril Buzut

    La culture d'entreprise est souvent la source d'intégration (ou de rejet) des nouveaux employés, qui comprennent quel rôle elle a eu - et a parfois encore - dans le succès de leur nouvelle employeur.

    Cette culture évolue constamment, par des apports externes et internes. La direction générale doit évidemment sentir en permanence si cette évolution reste porteuse de succès ou s'il faut infléchir son orientation.

    La finance, qui mesure ces succès, valide de facto l'impact de cette culture d'entreprise, et doit donc la comprendre et la mesurer au plus près. A défaut d'un travail de sociologue, le financier doit au moins avoir une compréhension analytique, tel un consultant, des ressorts de profitabilité. En s'imprégnant de cette culture, il facilite la collaboration avec les autres fonctions, rassurées de contribuer avec "un des leurs", au moins au niveau culturel ...

    En externe, la culture d'entreprise peut être une source reconnue de différenciation, dont le financier pourra rappeler l'existence, évoquer les bénéfices, tout cela pour rassurer sur la continuité d'un avantage concurrentiel unique et non duplicable.

    Mais l'imprégnation a ses limites. La culture financière actuelle célèbre davantage les cost killers, les synergies et la réalisation de tous les actifs ... parfois masqués ou inutilisés par la culture. La communauté financière, banquiers, analystes ou investisseurs, s'attachera tout autant à l'application de la culture financière contemporaine, qu'au maintien d'une culture d'entreprise qui n'apporterait plus de résultats financiers suffisants.

    On retiendra donc de cette imprégnation une élégante patine pour la communication interne et externe.

     

  • Billet n°1, 2014

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    Billet n°1 : Optimiser et sécuriser : injonction paradoxale ? par Monique Huet

    Lorsque Philippe Messager, Directeur des Financements  et de la Trésorerie du Groupe EDF, décrit le métier de trésorier, il parle de deux rôles : optimiser et sécuriser. Optimiser, en trouvant les meilleurs financements, les meilleurs montages - les meilleurs, pas forcément le plus rémunérateurs. Avec l’arbitrage du couple rendement/risque, on passe sur l’autre rôle : sécuriser, en gérant les risques de change, de taux, de contrepartie…

    Un autre des métiers les plus techniques de la finance est soumis à la même « injonction paradoxale » : il s’agit de la fiscalité. Tout comme le trésorier, le fiscaliste d’entreprise fait l’aller-retour permanent entre les risques du quotidien - exécution des flux pour l’un, déclarations fiscales pour l’autre - , et les opportunités lors de décisions stratégiques : projets d’investissements, choix d’implantation.

    Notons cependant que le fiscaliste est moins bien loti que le trésorier. Tout d’abord, il ne dispose pas  de la même batterie d’outils de modélisation du risque :  quel ordinateur , quelle série statistique pourra donner la probabilité d’un contrôle fiscal ? Ensuite, l’accès à l’information est moins fluide : les marchés financiers se mondialisent, la fiscalité reste encore nationale. C’est par le filtre des équipes locales et des conseillers externes que le fiscaliste doit se faire son opinion sur les risques. Risques financiers bien sûr, par le montant des redressements, mais aussi risque d’image : la fiscalité nationale est un enjeu politique, et qui dit politique dit médiatique… Le trésorier est comparativement à l’abri sur ce plan.

    On pourrait lister d’autres différences… mais je préfère conclure sur les ressemblances qui apparaissent à la lecture des nombreux entretiens réalisés pour le recueil « Finance d’Entreprise : l’insoupçonnée richesse de ses métiers ». En financement-trésorerie comme en fiscalité, des praticiens peu nombreux, un peu à l’écart des armées de contrôleurs de gestion. Des spécialistes, qui restent passionnés par leur métier car celui-ci évolue en permanence – puissance de l’informatique pour le trésorier, internationalisation pour le fiscaliste. Et la conscience de pouvoir, en connaissant bien les flux économiques de l’entreprise, créer beaucoup de valeur – même si peu autour d’eux le perçoivent.

     

  • Live Tweet de la manifestation "Actu emploi" du 11 avril 2012

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    @sbretones : Actu du marché de l'emploi en finance d'entreprise : crise ou pas crise ? C'est mnt sur le fil @HEC_FE. #HECFE

    @HEC_FE : Actualité de l'emploi dans la finance d'entreprise à l'association HEC ce matin avec 4 professionnels

    @sbretones @HEC_FE : Lancement de la conf "actualité de l'emploi en finance d'entreprise : crise ou pas crise". #hecfe. Veronique Ehrhard on stage, anime débat.

    @HEC_FE : En présence de Michael Page, Enjeux et dirigeants, Transitions plus, et Danone

    @HEC_FE : Les secteurs qui recrutent le plus en finance d'entreprise: industrie, activités informatiques, e-commerce

    @HEC_FE : En 2012, le marché est légèrement supérieur pour la finance d'entreprise qu'en 2011. Michael Page

    @HEC_FE : La priorité est au recrutement de profils"seniors" 5 à 20 ans d'expérience

    @HEC_FE : Pénurie dans les métiers techniques : consolidation, trésorerie, analyse financière d'entreprise (business plans, modélisation)

    @HEC_FE : Des opportunités aussi en Bid Management, contrôle de gestion industriel et contrôle de gestion projets selon Michael Page

    @sbretones : Les candidats "plug and play"... ie, Entre 5 et 20 ans d'expérience. Je me demande si cela intègre un peu de clonage .... #HECFE

    @sbretones : Selon M. Page : les métiers pénuriques auj. en FE : la consolidation, la tréso, l'analyse fi. #HECFE

    @sbretones : Aussi métiers proches des opérations : Contrôle gestion industriel, projet, program, bid mgt. Pb : financiers peu mobiles province. #HECFE

    @HEC_FE : Le cash et la maîtrise des systèmes clés dans les compétences techniques attendues

    @HEC_FE : Des recrutements de financiers d'entreprise en permanence mais avec une concurrence très forte les entreprises ont le choix...

    @HEC_FE : La meilleure façon de trouver un job en FE, l'approche réseau

    @HEC_FE : Des opportunités pour les 35-40 ans davantage que pour les cadres dirigeants

    @HEC_FE : Les "seniors" >50 ans trouvent majoritairement par le réseau

    @HEC_FE : La conférence de ce matin c'est aussi comment garder son job #hecfe

    @HEC_FE : Les situations de crise quand on est en poste : la stagnation, la surpression (burn out) #hecfe

    @HEC_FE : Gérer une crise de carrière c'est accepter de se confronter à l'inconnu #hecfe

    @sbretones : "Le business partner c'est celui qui connaît les opérations, les métiers de l'entreprise, il y en a finalement pas tant que ça". #HECFE

    @sbretones : De l'attrait de la finance d'entreprise pour de nombreux banquiers en ce moment ... #jdcjdr #hecfe

    @sbretones : Tendance : Du lièvre du candidat externe pour justifier ou valoriser un candidat en interne. #Recrutement. #hecfe

    @sbretones : "La notion de business partner s'applique mnt à toutes les fonctions support". #hecfe

    @HEC_FE : Mieux vaut être hors poste, bien dans ses baskets et chercher un emploi que "mal en poste", en recherche #hecfe

    @sbretones : Ce matin, j'ai pas pu finir mon LT #HECFE, alors voilà la suite .... Quel %age de clonage dans le profil ideal du candidat "plug & play" ?

    @sbretones : Réponse : fonction du métier en FE. Pour un CFO, en ce moment, c'est dur de changer de secteur .... #HECFE

    @sbretones : Et pour un expert, c'est dur de changer d'expertise, mais pas de secteur, surtout si profil pénurique .... #HECFE

    @sbretones : Et pour les postes type COG projet /grands programmes ... profils plus généralistes, polyvalents, c'est assez ouvert #HECFE

    @sbretones : "CV n'est pas un job description, il doit parler de vos réalisations, refléter vos singularités". Johann van Nieuwenhuyse @michaelpagefr

    @HEC_FE : Merci à Johann van Nieuwenhuyse Manager Senior Practice Finance de @michaelpagefr, Lise-Marie Grandjean associée Enjeux et dirigeants 1/2

    @HEC_FE : Merci à Domitlle Tézé, Fondatrice Transition +, Claire Fradet, DRH fonction Finance & Juridique Danone pour leurs témoignages #HECFE

     

  • Tweets de la soirée des 1 an de HEC Finance d'Entreprise, le 28 avril 2011

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    Ce soir, #HECFEfait un retour sur sa soirée anniversaire du 28/04 sur la variété des métiers finance d'entreprise, ca changera de l'actu !

    Valerie Nau, rédactrice en chef d'option finance, anime la soirée et le débat. #Optionfinance

    Parmi les participants : notre parrain : Jean-Dominique #Senard, co-gérant de #Michelin, nous sommes comblés !

    Aussi présents : Pascal Quiry (#Vernimmen), Jean-Florent Rerolle (@jf_rerolle / @gouvernancefin). Soirée Anniversaire #HECFE

    @GregoireRecrute est là aussi, comme Pierre Jenny, Olga Johnson, Ludovic Guilcher, Laurent Allard : vous nous rejoignez sur Twitter ? #HECFE

    Notre ami Jack Aschehoug présente les 10 portraits qui nous entourent et qui représente 10 métiers différents. Anniversaire #HECFE

    Une constante parmi les 10 portraits : Maîtrise de la technique, rigueur, humilité et Communication ! Anniversaire #HECFE

    Pour la communication, des voies de progrès quand on voit la difficulté à récupérer 10 belles photos ;) ! Anniversaire #HECFE

    Nos partenaires s'expriment sur leur vision de la Finance : Cabinet Bessé, Ernst & Young (#EY), #HSBC, Nicholas Angell, #Oracle. #HECFE

    Paul Meresse (Cabinet Bessé) : "la finance s'est invitée dans l'assurance". #HECFE

    Pierre Planchon pour Ernst & Young (#EY) : "grande diversité des #parcours en #finance comme passage dans une carrière ?" #HECFE

    Pierre Sorbets,#HSBC : ce soir "dynamisme, convilialité, professionnalisme". #HECFE

    Pierre Sorbets,#HSBC : "concilier l'inconciliable : le long terme et le court terme, les grands détails et les synthèses".

    Valérie Kolloffel, Nicholas #Angell : "le savoir être est une nécessité: proximité business, compréhension des opérations, contacts terrain"

    V. Kolloffell : "schizophrénie du financier ? technicité & pilotage, autorité & ouverture, gardien du temple & partenaire des opérationnels"

    Laurent Dechaux, #Oracle : "permettre au directeur financier de moins travailler :)"

    Place au débat avec Laurence Debroux, DG Finance de JC #Decaux, et Olivier casanova, Directeur Financements de #PSA

    L. Debroux : "parcours professionnel est une suite de rencontres". #HECFE

    L. Debroux : "langage vrai du financier, challenger les opérationnels avec des idées et une personnalité fortes, qui s'expriment"

    O. Casanova : "gérer la double focale de la vsion hélicoptère et du microscope", c'est finalement "être chef d'orchestre". #HECFE

    L. Debroux : "la finance est un métier de confiance", "s'appuyer sur les experts, porter leur position, avoir la confiance de la DG". #HECFE

    O. Casanova : "ne pas confondre chef d'orchestre et homme orchestre", à partir d'un certain niveau, financier doit manager, pas tout faire.

    L. Debroux : "la consolidation est une excellente formation à la rigueur et aux flux de l'entreprise". #HECFE

    L. Debroux : "Intégrer les experts dans les projets plus globaux de l'entreprise".#HECFE

    Laurence Debroux : "Le directeur financier doit décloisonner les expertises". #HECFE

    Laurence Debroux : "Valoriser très fort les parcours d'expertise au long court". #HECFE

     

     

     

  • Les activités financières sont elles toutes socialement utiles ?

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    Entretien avec Edouard Tétreau

    Président du groupe de travail "Finance" de l'Institut Montaigne, 4 février 2010

    Selon vous les activités financières sont elles toutes socialement utiles ?

    J’aimerais commencer par une analogie. En hébreux, l’une des plus vieilles langues du monde, un même mot « dam » et son pluriel « damin » signifient sang et argent. Il y a une véritable analogie entre le corps humain et le corps social. Le manque d’argent et c’est l’anémie ou la mort, la non-irrigation et c’est la gangrène, l’argent circule trop vite et l’organisme ne suit plus… L’argent n’est pas là pour être accumulé à un endroit du corps social ! La finance utile est celle qui permet de distribuer l’argent aux bons endroits, idéalement partout, au bon rythme.

    Les activités financières sont-t-elles toutes utiles ? évidemment non ! En particulier, le « prop trading » est une déviation extrêmement grave du métier de la banque, où commence-t-il où s’arrête-t-il ? pour le trader la partition est difficile entre intervention pour compte propre et pour l’entreprise. C’est une forme d’institutionnalisation du délit d’initié !

    Qu’entendez-vous par l’institutionnalisation du délit d’initié ?

    Très concrètement, à moins d’avoir confiance dans le chineese wall des banques d’affaires, un soupçon permanent pèse sur ces banques. Ce sont les même traders qui traitent les ordres de couverture des entreprises et qui traitent pour compte propre utilisant les informations qu’ils détiennent de leurs clients pour se positionner éventuellement sur les mêmes marchés. Il faut en finir avec le soupçon permanent qui abîme la réputation des banques d’affaires.

    Alors, êtes-vous plutôt favorable à une forme de Glass-Steagall Act ou à la mise en place de la Volker Rule ?

    A l’Institut Montaigne, nous ne plaidons pas pour le Glass-Steagall Act car nous ne sommes pas favorables à la séparation de la banque commerciale et de la banque d’investissement qui sont toutes deux nécessaires à l’entreprise. Nous pensons aussi que la Volker Rule proposée tout récemment par l’administration Obama qui interdirait de sponsoriser et de financer le Prop Trading , les Hedge Funds et le Private Equity, est trop générale.

    Est-ce votre seule réserve ?

    Non, pour l’Institut Montaigne il est inacceptable de mettre dans le même sac l’industrie du Hedge Fund, et celle du Private Equity. La ligne de démarcation, c’est l’interdiction absolue d’utiliser les dépôts des épargnants particuliers et des entreprises pour spéculer pour compte propre. Mais le Private Equity c’est, en français, l’investissement dans le non côté. L’interdire aux banques, c’est leur interdire de financer l’entreprise à long terme par l’apport en capital. Or le problème ce n’est pas d’interdire le financement dans le non côté, le problème c’est comment on investit dans le non côté.

    Ce sujet doit donner lieu à une véritable réflexion et à la mise en place de règles efficientes définissant le niveau d’effet de levier et la durée de l’investissement.

    Plus concrètement quelles mesures préconisez-vous pour favoriser le financement des entreprises ?

    Il y a trois mesures techniques et une attitude.

    -       L’incitation fiscale

    Cette première mesure est basée sur la mise en place d’une taxation différenciée en fonction des activités: sur le Prop Trading une taxation de 60% à 80% sur les bénéfices, sur les activités de banques commerciales une taxation plus basse de l’ordre de 25%, enfin 0% sur les bénéfices des banques qui alloueraient, en période de sortie de crise, des fonds aux entreprises.

    -       La contrainte réglementaire

    Cette seconde mesure tient à l’exigence de capitaux propres différenciée et croissante pour les activités de spéculation.

    -       Le régulateur

    La régulation, de manière non différenciée, est contre productive. Nous ne voulons pas d’une régulation à l’américaine « check the box », d’ailleurs à titre anecdotique, Enron remplissait toutes les cases de la check list du régulateur. Nous voulons une régulation intelligente et compréhensible, nous voulons des régulateurs proches de leurs régulés.

    Il ne s’agit pas de faire une nième régulation. Il faut donner des moyens accrus aux actuels régulateurs. Je suis pour le doublement, le triplement, le quintuplement de leurs budgets de fonctionnement.

    Le budget de fonctionnement de l’AMF c’est environ 30M€ par an, c’est à mettre en face des enjeux, c’est la même chose pour le Pôle Financier.

    Un jour, il faudra créer une AMF « mondiale » mais, et c’est ma crainte, il  faudra passer par une autre crise bancaire.

    -       L’attitude

    Enfin, la dernière réponse, au risque de paraître politiquement incorrect, est d’arrêter de diaboliser les banques si l’on veut qu’elles jouent pleinement leur rôle.

    Regardez le système bancaire français, ce dernier a tenu, les banques françaises ont une tradition de prudence. Il faut retrouver un contrat de confiance entre les entreprises, les particuliers et les banques.

    La clé, c’est que les entreprises du CAC 40, les PME soient davantage actionnaires de leurs banquiers. Cela évitera probablement à ce dernier de prendre des chemins de traverse regrettables et cela l’encouragera à travailler au service exclusif de ses clients.

    Le contrat de confiance du 21ème siècle existe, c’est celui des sociétaires, des banques mutuelles.

    Comment favoriser aussi des formes d’actionnariat pérenne ?

    Pour moi c’est une hérésie de rémunérer de la même façon ou de donner les mêmes droits de vote ou droits à dividendes à un actionnaire qui est présent depuis 15 jours et à celui qui est présent depuis 15 ans. On favorise ainsi l’investisseur zappeur !

    Sur l’actionnariat j’ai une idée très simple, il y a une originalité dans le capitalisme d’Europe continentale qui s’appelle le mutualisme, le coopératif, qui s’appelle ne pas avoir des actionnaires mais des sociétaires. Quand votre client devient votre actionnaire, son intérêt est aligné sur le vôtre et ce, dans la durée…..

    Est-ce là selon vous la forme moderne de l’actionnariat ?

    Oui, sans aucun doute et ce n’est pas un hasard si la 5ème banque mondiale, le Crédit Agricole, est mutualiste.

    L’Europe peut-elle être seule à la promouvoir ?

    Cette option n’est pas celle des Etats-Unis, mais il faut arrêter de tout attendre d’eux. L’Institut Montaigne plaide pour que la France et Allemagne constituent une place boursière commune avec des règles de marché qui défendent d’avantage le capitalisme mutualiste. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce dernier est né des deux côtés du Rhin dans cette région qui est l’intersection de la France et de l’Allemagne.

    A ce propos, que pensez-vous de l’initiative prise par certaines grandes entreprises qui veulent créer leur propre banque coopérative ?

    C’est un très bon exemple, très intéressant, c’est le contraire du modèle de banque courtier ou passeur de risque et je souhaite que leur projet aboutisse, je leur dis « good luck ».