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Billet n°1, 2014 (30/12/2014)

Billet n°1 : Optimiser et sécuriser : injonction paradoxale ? par Monique Huet

Lorsque Philippe Messager, Directeur des Financements  et de la Trésorerie du Groupe EDF, décrit le métier de trésorier, il parle de deux rôles : optimiser et sécuriser. Optimiser, en trouvant les meilleurs financements, les meilleurs montages - les meilleurs, pas forcément le plus rémunérateurs. Avec l’arbitrage du couple rendement/risque, on passe sur l’autre rôle : sécuriser, en gérant les risques de change, de taux, de contrepartie…

Un autre des métiers les plus techniques de la finance est soumis à la même « injonction paradoxale » : il s’agit de la fiscalité. Tout comme le trésorier, le fiscaliste d’entreprise fait l’aller-retour permanent entre les risques du quotidien - exécution des flux pour l’un, déclarations fiscales pour l’autre - , et les opportunités lors de décisions stratégiques : projets d’investissements, choix d’implantation.

Notons cependant que le fiscaliste est moins bien loti que le trésorier. Tout d’abord, il ne dispose pas  de la même batterie d’outils de modélisation du risque :  quel ordinateur , quelle série statistique pourra donner la probabilité d’un contrôle fiscal ? Ensuite, l’accès à l’information est moins fluide : les marchés financiers se mondialisent, la fiscalité reste encore nationale. C’est par le filtre des équipes locales et des conseillers externes que le fiscaliste doit se faire son opinion sur les risques. Risques financiers bien sûr, par le montant des redressements, mais aussi risque d’image : la fiscalité nationale est un enjeu politique, et qui dit politique dit médiatique… Le trésorier est comparativement à l’abri sur ce plan.

On pourrait lister d’autres différences… mais je préfère conclure sur les ressemblances qui apparaissent à la lecture des nombreux entretiens réalisés pour le recueil « Finance d’Entreprise : l’insoupçonnée richesse de ses métiers ». En financement-trésorerie comme en fiscalité, des praticiens peu nombreux, un peu à l’écart des armées de contrôleurs de gestion. Des spécialistes, qui restent passionnés par leur métier car celui-ci évolue en permanence – puissance de l’informatique pour le trésorier, internationalisation pour le fiscaliste. Et la conscience de pouvoir, en connaissant bien les flux économiques de l’entreprise, créer beaucoup de valeur – même si peu autour d’eux le perçoivent.

 

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