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Financement du vieillissement et de la perte d'autonomie

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Alors que nous sommes au coeur de révolutions démographiques, environnementales et
technologiques majeures, comment financer de façon pérenne les besoins liés au
vieillissement et au « bien vieillir » ?

 

Cette conférence s’est tenue le 28 juin dernier dans les locaux du cabinet de conseil
KPMG, à l’initiative du hub finance de l’association HEC Alumni. Animé par Michel Revest,
directeur recherche et innovations du Groupe COVEA, le débat a réuni Philippe Dabat,
directeur général délégué du Groupe AG2R-La Mondiale, Jean-Marie Fournet, président
directeur général de Domitys, Xavier Lepine, président du directoire du Groupe La Française
et Céline Scemama, directrice de la stratégie du Groupe Caisse des dépôts.

Le Vieillissement des populations est un phénomène généralisé, qui touche l’ensemble
des régions du monde, à l’exception notable du continent africain. En France, les plus de 60
ans représenteront 30% de la population en 2030, 32% en 2060 contre 24% en 2015. C’est
un phénomène complexe, en constante évolution. Avec les progrès techniques, médicaux et
sociaux, les besoins des seniors s’envisagent sur un temps long : il s’agit à la fois de «bien
vieillir» sur la durée et de faire face, le plus souvent la dernière année de vie, à une
éventuelle perte d’autonomie. En France, la dépendance concerne en moyenne en 2015 1 à
2% du temps de vie restant des plus de 60 ans, un chiffre qui devrait rester stable sur les
prochaines décennies.

Les impacts économiques du vieillissement sont multiples. Avec la fin du papy-boom, la
question des retraites se posera moins, même si le faible taux d’emploi des plus de 65 ans et
l’augmentation de la durée d’inactivité sont à prendre en compte. Les dépenses de santé
sont davantage concernées. Celles entrant dans les comptes de la santé passeront de 9,5%
du PIB français en 2015 à 12% en 2060. Les dépenses de soins courants vont augmenter du
fait des progrès médicaux mais aussi d’un nécessaire suivi plus régulier d’une population
vieillissante. Les coûts de la perte d’autonomie pourront représenter jusqu’à 66 Mds€ en
2060 en France (y compris les coûts informels portés par les aidants familiaux), soit 3% du
PIB, contre 38 Mds€ en 2011, 15% à 20% restant directement à la charge des particuliers.
Dans un contexte de maîtrise des coûts sur le long terme et de solvabilisation de la
demande, les enjeux de prévention sont d’ores et déjà cruciaux : les dépenses de santé sont
en effet huit fois plus élevées pour une personne dépendante que pour une personne
autonome.


Les offres de services et dispositifs de financement actuels ne répondent que
partiellement aux enjeux du vieillissement et de la perte d’autonomie. Rares sont les
solutions prenant en compte l’ensemble des besoins des seniors et leur évolution prévisible
dans le temps. Au Québec, par exemple, un système de prévention permet de suivre la santé
au travail sur le long terme et détermine des objectifs de ROI pour les entreprises. Au Japon,
la prise en charge du vieillissement est décentralisée et met l’accent sur les modes
d’hébergement, avec une plus grande prise en compte des aidants familiaux. A Singapour,
les assurances de dépendance sont obligatoires, avec, comme résultat, une plus grande
mutualisation du risque. En France, plusieurs produits d’assurance ont été lancés sur le
marché (versement d’un capital, d’une rente viagère incluse dans un contrat de santé ou de
dépendance, services d’assistance) mais ne s’adaptent pas toujours aux changements des
habitudes et des besoins. La question du partage des dispositifs entre acteurs publics et
privés se pose également.

Plusieurs pistes d’approfondissement des offres et modes de financement sont possibles
sur le marché français. Côté offres, il s’agit d’adapter les logements existants aux besoins des
seniors, avec la domotique et les objets connectés, de développer les résidences-services
dédiées pour les seniors autonomes et dépendants, de mieux prendre en compte la
contribution des aidants avec des services et offres adaptés ou encore de développer les
filières de prévention, notamment sur la préservation à long terme des capacités cognitives
des seniors. Côté modes de financement, les réponses doivent se faire plus innovantes. Elles
doivent prendre en compte les changements de comportement des seniors, avec
l’apparition des « prosommateurs » qui, à côté de leurs ressources principales (pensions de
retraite, salaires…) développent de nouvelles sources de revenus (location de chambres
d’hôtes, gardes d’enfants…). Il s’agit aussi d’intégrer dans l’estimation des coûts et besoins
de financement « l’économie des usages ». La montée en charge potentielle de logements
partagés, avec l’introduction de « baux à vie », est une option intéressante alors
qu’aujourd’hui prédomine le modèle en propriété. Les taux d’intérêt très faibles sont en
effet une formidable opportunité pour dissocier le foncier du bâti, le démembrement
permettant de générer de nouvelles classes d’actifs. D’autres pistes sont possibles :
poursuite de la mise en valeur du patrimoine immobilier des seniors avec le viager
mutualisé, le viager social ou le prêt viager hypothécaire, ou encore création d’un socle
d’assurance obligatoire sur la perte d’autonomie, sans possibilité de résiliation unilatérale
par les assureurs, pour mutualiser les risques.

Les questions liées au financement du vieillissement et de la perte d'autonomie
s’inscrivent pleinement dans le développement de l’économie des seniors. Elles sont sources
d’innovations et d'expérimentations. C'est également une matière mouvante, en constante
transformation, les problématiques d'aujourd'hui n'étant pas forcément celles de demain.

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