Sylvie Bretones (M. 97), Bruno de Mauvaisin (H. 75), Evelyne Kuoh (H. 84) et Sophie Reynal (H. 94) ont rassemblé le Groupement HEC Finance d'Entreprise et la Commission HEC au Féminin le 17 mars dernier pour une conférence-débat dans les bureaux du cabinet d'avocat Jones Day, sur le thème : La finance d'entreprise : Un tremplin pour une carrière ?
La fonction Finance, par son positionnement au cœur de l’entreprise, offre de plus en plus d'opportunités de passerelles avec d’autres fonctions. Trois dirigeants étaient invités, avec une expérience de mobilité fonctionnelle de ou vers la Finance d’Entreprise : Mathilde Bluteau, Directrice commerciale Clients Professionnels d'Apple France, précédemment directrice du contrôle de gestion EMEIA ; Pascal Bouchiat (T.06), Directeur général adjoint et directeur financier du groupe Rhodia, faisant suite à une carrière scientifique et technique (Ingénieur R&D puis Chef du service Production de Rhône Poulenc Silicones) ; Olfa Zorgati (H.98), Directrice financière de Ventadis (groupe M6), ayant débuté en fusions et acquisitions à la Société Générale.
Grâce à notre partenaire TechTocTV, vous pouvez retrouver en video l’intégralité de la conférence sur http://finansphere.com/webcasts/
Nous vous livrons, ici, quelques réflexions utiles et pertinentes...
Pourquoi et comment ses mobilités transverses se produisent-elles ?
Ces mobilités sont le fruit d’une maturation au regard de la pratique de son métier, de l’expérience acquise et d’une meilleure connaissance de soi. Changer de métier au sein de son entreprise reste plus facile, certaines entreprises ayant cela dans leurs gênes plus que d’autres. A contrario, les intervenants ont été quasi-unanimes pour dire que changer de métier et d’entreprise à la fois reste très difficile, voire quasi impossible.
En fait, sous la pression du court terme, on ne se donne pas le temps d'investir sur les « potentiels », qui, en changeant de fonction, ne sont pas opérationnels tout de suite. Actuellement, nous avons tendance à privilégier des fonctions « en silo » : on va chercher le «clône» au risque de pousser les « potentiels » à envisager une mobilité extérieure. La « génération Y » pourrait néanmoins faire bouger les choses car ils expriment leur volonté de faire plusieurs choses et d'évoluer plus rapidement.
Comment valorise-t-on sa compétence et sa crédibilité dans le cadre d’un changement fondamental de métier?
Il est clair qu’un tel changement nécessite l’acquisition de nouvelles compétences. Recourir à la formation continue peut être utile. La technique, quoique nécessaire, n’est pas suffisante. Il faut aussi adapter son « expérience comportementale ».
Parmi les compétences clés, ont ainsi été citées la capacité à analyser et prendre l’initiative sur un sujet financier ou opérationnel et celle à donner une vision différente. L’écoute est aussi primordiale tout comme une très forte motivation qui pourra nécessiter un fort investissement de travail.
On peut être très transparent vis-à-vis de ses équipes en disant qu'ils ont des expertises que l'on n'a pas et qu'il faut nous donner du temps. En contrepartie, on doit construire un travail d'équipe, faire du brainstorming, bien gérer l'équipe pour être crédible en tant que manager.
A partir d'un certain niveau d'expérience, il convient néanmoins de maintenir une certaine cohérence dans son parcours. On pourra choisir d’évoluer au sein de la structure matricielle selon des axes transversaux et verticaux, tout en veillant à maintenir son employabilité. Cependant, on pourrait dire aussi : « Faites ce que vous avez envie de faire, c'est là où vous serez bon ».
Quelles sont les résistances que vous avez pu connaître ?
Effectivement il y a des résistances lorsque l'on souhaite changer de métier et d'entreprise. La volonté est déterminante. Il faut savoir ce que l'on veut, où on va, et connaître ses atouts. Le réseau HEC est notamment d'une grande aide.
Au sein de l’entreprise, c’est le rôle et la responsabilité des managers de soutenir le changement, notamment quand il y a des résistances au niveau des équipes opérationnelles. Les RH doivent être des facilitateurs mais ce sont bien les managers qui sont les moteurs.
La mobilité fonctionnelle est-un accélérateur de carrière ?
Avoir réussi un changement de métier apporte sérénité et confiance en soi, en nous confortant dans notre capacité d'affronter de nouvelles problématiques. On se dit : « on peut le refaire ». Une mobilité fonctionnelle n’est pas nécessairement une voie vers la direction générale, c’est plutôt l’accumulation d’expériences appropriées qui permettra d’envisager une ascension verticale.
Nathalie Halna du Fretay (H. 86) et Olga Le Blanc – Tyl (H.91)